La fille de la terre légendaire Cu Chi
Il s’agit de Madame Vo Thi Mo, chef d’une section de maquisardes du district Cu Chi dans la lutte contre les Américains, une femme du Sud déterminée, héroïque mais qui a aussi fait preuve de bonté et d’indulgence. |
Photos de Madame Vo Thi Mo et de la boîte de munitions exposés au Musée des Femmes du Vietnam
Elle est née et a grandi à Cu Chi – cette terre encore appelée “Coordonnées à faire disparaître”. C’est là que s’est déroulée une guerre sans merci, où la densité sur 40km2des bombes et des balles utilisées,ainsi que celle des soldats,ont été sans précédent. Dès l’adolescence, consciente de la lutte que menaient ses proches et ses voisins, en dépit du souhait de son père de l’envoyer ailleurs faire ses études, Bay Mo (Vo Thi Mo) a choisi de rester pour creuser les tunnels et participer activement aux mouvements des jeunes et des aînés du district, à savoir transporter les munitions, creuser des tranchées, servir d’agent de liaison, organiser des activités culturelles … A 15 ans, elle est devenue auxiliaire non combattante pour ravitailler les troupes en armes et dans d’autres domaines. Elle était présente là où étaient les soldats. Elle ramenait à l’arrière les blessés, tant et si bien que quelqu’un a dit : “Je suis rassuré quand la camarade Mo est là, je suis sûr que je ne serai pas abandonné sur le terrain”.
En décembre 1966, elle a intégré les maquisardes de Cu Chi et est élue chef de section à l’âge de 19 ans. Elle était toujours enthousiaste, brave, et prenait l’initiative de nombreux combats qui ont causé des pertes importantes à l’ennemi. La même année, elle a reçu le titre “Valeureux soldat ayant mis à mort des soldats américains”, niveau excellent. Elle a expliqué : Le titre“Valeureux soldat ayant mis à mort des soldats américains” comporte plusieurs niveaux. Le niveau 3 c’est avoir tué 3 soldats américains, le niveau 2 c’est en tuer 6, le niveau 1 c’est en tuer 9, le niveau excellent, c’est en tuer au moins 10. Sa section de maquisardes s’associait avec d’autres unités pour organiser de nombreuses batailles. En 1967, de concert avec le bataillon C15,elle a neutralisé des tanks et de nombreux fantassins ennemis. Puis, à la tête de sa section, elle a mené la bataille RungTre (Ben Cat, Binh Duong). Informé par des espions, l’ennemi a attaqué RungTre17 fois dans la journée mais les maquisardes ont tenu bon et l’ont repoussé. Depuis, leur unité est nommée le “bataillon de feu”. Cette jeune fille depetite taille dont la bravoure est inégalable aimait ses frères d’armes mais faisait preuve aussi de bonté envers l’ennemi. Lorsd’une embuscade que son unitéavait tendue, elle a surpris 4 Américains juste là où les mines avaient été enterrées. L’un d’entre eux a sorti une lettre et l’a lue en pleurant. Un autre a sorti des photos et a pleuréet les 4 ont commencé à pleurer ensemble. Ses camarades la pressaient “Tire ! ” mais elle a rétorqué : “Vous ne voyez pas qu’ils pleurent ? Je leur laisse la vie sauve”. Plus tard, l’un de ces 4 soldats américains est revenu au Vietnam et a cherché à voir Madame Mo : “Que désirez-vous ? Je pourrais vous l’offrir”. Madame Mo était alors gravement malade, elle avait besoin de beaucoup de choses mais du temps du maquis, elle n’avait qu’un seul souhait, la paix, et elle l’avait obtenu. C’est pourquoi elle a répondu : “J’espère que personne n’envahira plus mon pays. Sinon, je seraià nouveau prête à le défendre”. En décembre 1970, elle est envoyéepour une formation à l’école des Officiers de l’armée de terre, puis a intégré le corps des enseignants de l’école jusqu’à la libération du pays. Plus tard, elle est retournée à Cu Chi pour travailler comme conférencièrepour la visite des tunnels (maison commune de Ben Duoc) jusqu’à son départ à la retraite. La boîtede munitions du fusil K54 qui a été fournieen 1969 à Madame Vo Thi Mo par les dirigeants de la zone militaire Saigon-Giadinh, alors qu’elle était à la tête de sa section de maquisardes, est exposée dans la section« Les femmes dans l’histoire » du Musée des Femmes du Vietnam. |