Unelettreempreinte d’amour
« Dans mon travail de collecte du patrimoine des femmes du Vietnam, j’ai eu la chance de rencontrer la Professeure Docteure Enseignante du Peuple Dang Thi Kim Chi, une pionnière dans la recherche environnementale. Obtenir un rendez-vous avec elle n’a pas été facile car elle enseignait et, en même temps,faisait partie du jury de soutenance des mémoires de masters et de thèses de doctorat. Elle a finalementaccepté de me rencontrer par un après-midi sec et froid. Une femme douce et calme, telle que sont les femmes de Hanoi, est venue m’ouvrir. Au cours de la conversation, elle m’a montré des souvenirs d’amourchèrementconservés, le faire-part demariage en 1972 et la correspondancequ’elle et son époux ont échangélorsque,en 1979,elle est partie faire ses études doctorales en techniques environnementales en RépubliqueDémocratique d’Allemagne. Elle nous a remis avec confiance les précieux documents et objets qu’elle avait conservés amoureusement. Mais j’ai surtout aimé l’histoire d’amourqu’ils véhiculent. La lettre que Madame Kim Chi a envoyée le 2 janvier 1979 de Merseburg à son mari exprimait les sentiments profonds qu’éprouvaitune jeune épouse séparée de son époux : “Je pose ta photo sur mes lèvres, sur mes joues, et je ferme les yeux pour imaginer que tu es là à mes côtés, tes lèvres se posent surles miennes…”Peu après, elle reçu la réponse de Monsieur Luan qui l’encourageait à persévérer dans ses études, à se perfectionner pour pouvoir se rendre utile à la société, et il n’a pas manqué de lui confier que : “Je dévore tes lettres, tu me manques cruellement. En fait, tu acommencé à nous manquerénormément dès quela voiture nous emportait,notre fils et moi, loinde l’aéroport Noi Bai…”
Tant d’eau a coulé sous les ponts. A relire ces lignes, les souvenirs sont revenues l’assaillir. Pour elle, sa réussite n’a été possible que grâce au soutien de son époux qui l’a accompagnée avec son amour sincère : “J’ai eu la chance d’avoir épousé un homme totalement aimant et dévoué à sa famille. Quand survient un conflit de points de vue, c’est toujours lui qui abdique. Il m’aide dans les travaux ménagers et se charge des enfants pour que je puisse m’adonner à mon travail”. La Professeure Docteure Enseignante du Peuple Dang Thi Kim Chi est la plus jeune fille duProfesseur Dang Vu Hy, médecin et fondateur de la dermatologie au Vietnam. En 1971, forte du diplôme de fin d’études avec mention Excellent de l’Ecole Polytechnique de Ha Noi, elle a intégré le corps des enseignants de l’université. En 1972, elle a épousé Monsieur Nguyen Luan, cadre technique du Groupe de pêche Ha long. Ils ont eu deux fils, Nguyen Duong et Nguyen Kiem. Nous connaissons des scientifiques à travers leur contribution au développement du pays mais peu d’entre nous savent que dans la vie de tous les jours, ce sont des individusà la fois sobres, profonds et chaleureux. L’histoire de la lettre de Madame Dang Thi Kim Chi en est la preuve. |