Le femmes dans la famille
« Le cercle de vie » retrace le parcours des filles en âge de se marier qui commencent une nouvelle vie en devenant femmes et mères. Dans les rituels du mariage des sociétés patrilinéaires ou matrilinéaires se révèlent leur rôle et leur position au sein de la famille. On y apprend les pratiques rituelles autour du désir d enfant, de la grossesse, de la naissance et des soins apportés à la mère et au nouveau-né. S’y ajoutent les activités quotidiennes telles que le petit commerce, l’agriculture, la pêche et la cueillette, la préparation des repas, la poterie, la couture, le tissage et l’education des enfants.
Exposition “Les femmes dans la famille”
Mariage
“Les époux sont comme une paire de baguettes”
– Proverbe vietnamien –
Le mariage est le commencement de la vie familiale. Le musée, en mettant en avant les us et coutumes du mariage chez les différents groupes ethniques, présente le mariage dans les familles de tradition patrilinéaire et matrilinéaire.
– Extrait de l’audioguide : la cérémonie de fiançailles chez les Viet
Les sociétés patrilinéaires
Au Vietnam, la famille traditionnelle est patrilinéaire chez les populations Viêt, Yao, Thai, Sinhmun, Bru-Vân Kieu, Taoi, Ma et Chinois. Les hommes jouent un rôle important au sein de la famille nucléaire. Autrefois très élargie, la famille d’aujourd’hui est beaucoup plus restreinte. Les descendants mâles sont privilégiés. Les enfants portent le nom du père, et seuls les fils, en particulier l’aîné, ont droit à l’héritage. La famille monogame est aujourd’hui la règle, bien qu’autrefois la polygamie fût souvent pratiquée.
Pendant le mariage, la famille du garçon joue un rôle majeur. Il y a trois étapes rituelles: les fiançailles, le mariage et la première visite du jeune couple à la famille de la mariée. La famille du garçon choisit un ou deux entremetteurs(ses), et dans de nombreuses régions, consulte les voyants pour déterminer les dates les plus propices. Elle s’engage également à offrir les cadeaux demandés par la famille de la fiancée. Ensuite, le mariage se déroule chez la famille du marié où désormais la mariée vivra.
Les sociétés matrilinéaires
Sur les Hauts Plateaux du Centre du Vietnam, les ethnies Edê, Mnong, Jörai, Coho, Churu et Raglai sont de tradition matrilinéaire, comme les Cham répartis le long du littoral du Centre. La femme la plus âgée a une place importante et un rôle décisif dans les affaires familiales. Les filles et leur famille jouent un rôle prédominant dans le mariage. Malgré des différences locales, partout les hommes habitent chez leur épouse et les enfants portent le nom de la mère. L’héritage va aux filles, parmi lesquelles la cadette est privilégiée. Bien que tout enfant soit important, on préfère avoir plus de filles. Pour le mariage de leur fille et l’accueil de leur gendre, les parents doivent présenter à la famille du garçon une compensation en nature décidée entre les deux familles. Bien que résidant chez leurs femmes, les hommes jouent un grand rôle dans les évènements de leur famille d’origine, en particulier le mariage.
“Je suis une fille de Hanoï et ma famille attachait beaucoup d’importance aux cérémonies traditionnelles. Je suis une fille de Hanoï, et ma famille attachait beaucoup d’importance aux cérémonies traditionnelles. Je me souviens de l’arrivée de la délégation du marié chez moi. Je Je me sentais très nerveux – comme c’est notre coutume, je n’avais pas le droit d’accueillir les invités et devais attendre seul dans une pièce. Je me cachais derrière le rideau, regardant par la fenêtre. Ils défilaient dans la rue, portant des cadeaux dans les boîtes. Ils ont même amené tout un cochon rôti sur un plateau! Après que les deux familles se soient entretenues et que ma famille ait accepté les cadeaux, mon futur mari m’a fait descendre de la pièce. Rencontrer tant de gens pour la première fois m’a fait Je me sens très timide – mais heureuse. Et bien sûr, j’étais curieuse de voir quels cadeaux la famille de mon mari avait apportés. Les boîtes contenaient des offrandes traditionnelles comme des feuilles de bétel et des noix d’arec, qui représentent l’amour et le mariage. Ils comprenaient également des choses comme l’alcool, le thé, cigarettes, gâteaux, argent et bien plus encore. ” -La cérémonie d’engagement du Viet de l’audioguige du musée-
La naisance
Il faut avoir grimpé une montagne pour comprendre combien elle est haute
Il faut avoir élevé son enfant pour comprendre ce que cela a coûté à sa propre mère
– Chanson populaire vietnamienne –
Le désir d’enfant
Les rituels de demande d’enfants sont encore fréquents aujourd’hui chez de nombreuses populations. Chez les Viêt, les couples qui sont en retard, ou n’ont pas encore un fils, présentent des requêtes dans une pagode ou un temple et demandent des amulettes que les femmes portent sur elles en espérant que leurs vœux se réalisent.
Certaines populations invitent un maître du rituel à officier à la maison. On peut organiser ces rites à plusieurs reprises jusqu’à ce que la demande aboutisse. Durant la grossesse la femme doit observer des tabous et pratiquer plusieurs rituels pour se protéger ainsi que son enfant.
Colliers et bracelet de demande d’enfants, Blue Hmong, Mai Chau, Hoa Binh Province
Amulette, Viêt, Duy Tiên, Ha Nam, 2008.
Amulette, Viêt, Vu Ban, Nam Dinh, 2007
La grossesse
Les progrès de la médecine permettent que la femme enceinte bénéficie d’un suivi régulier par le médecin dès les premières semaines de la grossesse. Avant d’accoucher, les futures mères reproduisenttoujours certaines habitudes transmises de génération en génération pour que l’accouchement se déroule sans encombre : manger de la soupe de riz au sésame chez les Viet ; les Hmong et les Dao,quant à eux,demandent au chaman devenir pratiquer certainsrituels quand la femme a du mal à accoucher ; les Thái,eux, enduisent le ventre de la femme de grains de sésame pilés finement…
Depuis 1960, l’accouchement a connu des changements notoires. Si, avant, la mère accouchait debout ou agenouillée, à la maison ou dans la forêt selon les coutumes, les accouchements ont lieu aujourd’hui à l’unité de soins locale ou à l’hôpital.
L’accouchée
Chez les Viêt, les relevailles peuvent durer d’un mois à 100 jours. Pour de nombreuses populations, cela dure une semaine. Les accouchées suivent un régime sévère. Chez les Viêt, le jeune fruit de jaquier, de papaye ou la fleur de bananier sont donnés aux femmes ayant peu de lait. La chambre est bien fermée pour éviter les courants d’air et purifiée à l’aide d’herbes fumées. Presque partout, la femme est tenue au chaud. Les Cham et les Viêt du Centre mettent des pots de braises sous son lit le premier mois suivant l’accouchement. Les Thai se chauffent avec un pot de braise ous le tabouret et au foyer de la cuisine pendant 7 à 10 jours.
«Dans ma ville natale de Tam Ky, dans la province de Quang Nam, brûler du charbon après la naissance reste une coutume populaire. J’ai utilisé ce pot en argile après avoir accouché en 2007. Ma belle-mère m’a d’abord appris à l’utiliser – j’avais de m’allonger sur le ventre sur le lit, pendant qu’elle et mon mari se relayaient pour préparer et ventiler le charbon pour moi. Quand le charbon devenait rouge, ils mettaient des criquets, des écorces de pomelo ou du sel au-dessus du pot, ce qui créerait une odeur parfumée. Je restais au lit jusqu’à ce que le charbon se soit épuisé. J’ai utilisé la marmite pour me réchauffer trois fois par jour, après le petit-déjeuner, le déjeuner et le dîner. Je suis resté dans la maison et j’ai pratiqué cette tradition pendant un mois, mais d’autres femmes continuent de l’utiliser jusqu’à trois mois après l’accouchement. ”
– Histoire d’enfouir le charbon après la naissance de l’audioguide du musée-
La vie famille
Le dévouement, l’habileté et le rôle de la femme dans la famille ne se traduisent pas uniquement à travers leurs tâches d’épouse et de mère. Ils se traduisent également dans sa compétence à organiser la vie familiale, à participer dans les forces de travail à la campagne comme à la ville.
Agriculture
Dans les zones rurales des plaines, les femmes font de la riziculture. Elles sont présentes à toutes les étapes, le choix des semences, la récolte, voire le labour. A la montagne, vu le relief, les femmes sont plus versées dans la culture en brûlis du riz, du maïs, du manioc et des plantes maraîchères. Ailleurs, elles pratiquent la pêche, la chasse et la cueillette pour rapporter la nourriture du quotidien. La cueillette est une activitépratiquée toute l’année, les produits principaux étant les légumes sauvages, les pousses de bambou, les fruits, les champignons, le miel et les plantes médicinales.
La confection des vêtements
Le tissage artisanal est traditionnel chez un très grand nombre de populations. Les hommes fabriquent les rouets et les métiers à tisser. Les femmes cultivent le coton, tissent et confectionnent les vêtements de toute la famille. Dès leur plus tendre enfance, les fillettes apprennent la couture avec les femmes de la famille. Avant le mariage, elles confectionnent leurs vêtements et les cadeaux pour la famille de leur mari, tissus, couvertures, coussins et vêtements. Chez de nombreuses populations, l’habilité et la valeur d’une jeune femme sont jugées sur le nombre et la qualité de ses textiles. Aujourd’hui la machine à coudre est largement répandue.
Le petit commerce
Le petit commerce, qu’il soit occasionnel ou habituel, se pratique depuis toujours chez les Viêt, les Chinois ou les Cham. Produits agricoles ou artisanaux, ustensiles, aliments, boissons sont vendus au domicile, au marché ou sur le bord de la route. Les marchés sont en général périodiques à la campagne et quotidiens en ville. Les plupart des vendeurs sont des femmes. Le petit commerce se développe même dans les régions éloignées, attirant les femmes qui s’équipent de plus en plus de vélos, motos ou petits camions et aussi de téléphones portables.
L’éducation des enfants
Dans la famille traditionnelle, le partage du travail entre le père et la mère est assez marqué. La femme assure les travaux ménagers et l’éducation des enfants alors que l’homme est le pilier économique de la famille. La mère apprend à ses enfants les choses essentielles de la vie par les berceuses, les légendes, les contes, mais aussi par des jouets d’apprentissage pour les familiariser avec les travaux quotidiens. Si l’enfant est une fille, elle accompagne sa mère dans toutes ses activités pour apprendre son futur rôle de femme.
Dans les montagnes du nord tous les enfants portent des bonnets pour se protéger du froid. Magnifiquement décorés, souvent garnis d’amulettes, ils sont aussi une protection contre les esprits malfaisants.
Dans la société contemporaine, les deux parents jouent un rôle aussi important dans l’éducation de leurs enfants.
