Les modes féminines

C’est la présentation d’informations riches et variées sur les modes et la création de motifs représentés sur des costumes exceptionnellement beaux, créations quifont appel à des techniques propres à chaque groupe ethnique. Par ailleurs, les bijoux, le maquillage, le laquage des dents et la consommation de bétel sont utilisées par les femmes des différents groupes ethniques pour se faire plus belles et se traduisent par des collections d’épingles à cheveux, de boucles d’oreilles, de bracelets, de chaînes d’argent.

Les Modes féminines comprend 3 parties principales:

  • Modes et art des motifs
  • Les parures
  • Dents laquées et bétel

Modes et art des motifs

Modes et art des motifs

Le Vietnam est composé de 54 groupes ethniques qui ont chacun des modes et des techniques de création de motifs qui leur sont propres et originales.Ces techniques reflètent leur identité, et sont transmisesde génération en génération. C’est la preuve de l’esprit créatif, des qualités esthétiques et du travail des femmes.

Matériaux et techniques de création de motifs

Sur un costume, on peut trouver de multiples techniques comme la broderie, l’application, le batik… Cependant, la broderie est privilégiée chez les Yao et les Phula; l’application, chez les Lolo et les Pu Peo; le batik chez les Hmong et les Yao Tien; l’ikat chez les Thaï et les Khmers; les motifs tissés chez les Muong, les Tay et diverses populations des Hauts Plateaux. Tous sont fabriqués à la main et, autrefois, avec des matières naturelles. Les motifs expriment l’identité de la population et son environnement. Ils sont transmis de génération en génération et montrent la créativité des femmes, leur conception esthétique et leur travail.
Les costumes évoluent avec le temps et les contacts. La mode est présente même dans les régions les plus reculées. Les changements s’opèrent de plus en plus vite aujourd’hui, en particulier chez les Hmong et les Yao du nord du pays. Les textiles synthétiques, la laine et les couleurs chimiques sont désormais largement utilisés.

“A l’âge de 20 ans, j’ai confectionné cette robe à partir de coton que j’avais moi-même planté. J’ai filé le coton et j’ai teinté le fil avec des matières issues de la forêt. J’ai obtenu du noir et du jaune à partir de feuilles et de racines d’arbres. Pour filer, je m’installais par terre, j’attachais un bout du métier à tisser dans mon dos et de mon pied je poussais l’autre bout pour tendre le fil et je tissais…”

Madame KănCường, ethnie Ta Oi, province ThuaThien – Hue


 

La broderie

La broderie est une technique de plus en plus pratiquée par les populations des montagnes du Nord, car les femmes peuvent broder partout, au marché, aux champs ou en visite. Les petites filles commencent à broder très jeunes. A 12 ou 13 ans, elles sont déjà très expertes. Les Hmong utilisent le point de croix. Les Yao et les Thaï préfèrent le point de devant, le point d’épine ou le point de chaînette. Les motifs traditionnels sont conservés et transmis de génération en génération. La broderie permet aux femmes de réaliser des courbes plus naturelles et permet les créations les plus modernes.

 

Le batik
Le batik est technique de teinture à réserve, c’est à dire qu’une partie de tissu est protégée de la teinture pour l’exécution de motifs. Cette technique est largement pratiquée chez les Hmong et les Yao Tien (“à sapèques”). On dessine sur du tissu des motifs à la cire fondue. Les outils utilisés sont des stylets à réservoir en cuivre courbé, des tampons en forme de triangle ou de petites tubes en bambou. Quand la cire est sèche, le tissu est teint plusieurs fois dans des bains d’indigo puis plongé dans de l’eau bouillante pour faire fondre la cire. Les motifs protégés de la teinture, apparaissent en clair sur fond indigo.

L’application
L’application est la création de motifs en petits morceaux de tissus colorés cousus sur un fond. On coupe des tissus de diverses couleurs en triangles, rectangles, carrés ou bandes. On les coud sur le tissu de fond en cachant les fils derrière l’application. Cette technique est pratiquée chez certaines populations des montagnes du Nord. Chaque groupe a ses motifs spécifiques. Les Lolo et les Pu Peo font des décors avec des triangles. Les Hmong ont une technique très élaborée, appelée application inversée, c’est à dire que le tissu du dessus est découpé de motifs qui font apparaître la couleur du fond.

L’ikat
L’ikat, comme le batik, est une technique de teinture à réserve, mais, ce sont les fils qui sont protégés avant la teinture et non le tissu. On ligature certaines parties d’un écheveau de fils avec des fibres végétales ou de nylon pour les protéger de la teinture, puis on les teint. Ce procédé est répété plusieurs fois pour obtenir un fil multicolore qui sera utilisé pour la trame, lors du tissage. Dans certaines régions, on produit également des ikat de chaîne. Les ikat, fabriqués par les Thaï Noir, les Khmers et les Bahnar, ont des motifs aux contours flous magnifiques.

Les motifs tissés
Pour créer ses motifs, la tisseuse ajoute au fil de trame un fil supplémentaire. L’insertion de trames supplémentaires se fait de deux façons. Le fil circule sur toute la largeur de la chaîne, dessus et dessous, ou il est inséré à l’endroit où commence le motif. La tisseuse travaille alors sur l’envers. Elle utilise soit un grand métier à pédales, comme chez les Thaï et les Muong, soit un métier de type indonésien, comme sur les Hauts Plateaux. Ces métiers ont toujours deux rangs de lisses et des lisses additionnelles pour l’insertion des fils supplémentaires. La complexité du motif détermine le nombre de lisses.

Modes des Viet
Au Nord, la tunique Tu than, “quatre pans”, et la jupe, étaient utilisées par les femmes jusqu’au début du XXe siècle. Au Sud, la Ngu than, “cinq pans”, était portée du XVIIIe siècle, et la Ba ba, à partir de la fin du XIXe siècle. S’inspirant des Tu than et Ngu than, Cat Tuong, peintre de Hanoi, a inventé la tunique, Ao dai, durant les années 1930. Depuis, cette tunique vietnamienne a vu bien des modifications. Elle peut avoir des pans descendant aux mollets, aux genoux, ou aux chevilles. Par contre, son style est devenu l’image des femmes vietnamiennes.

Les parures

Les femmes se parent de nombreux bijoux, bracelet, collier, boucles d’oreilles, épingle, qui sont fabriqués à partir de divers matériaux. Leur forme et leur décor sont variés selon les régions et les populations. Les femmes des Hauts Plateaux portaient, aux poignets et aux chevilles, de grands anneaux spirales en cuivre. Leurs colliers sont en perles de multiple couleur ou en agate. Les boucles d’oreilles sont en ivoire, os ou bambou. Les bijoux en argent sont appréciés par les populations des montagnes du Nord. Ils sont souvent gravés de motifs géométriques ou végétaux. Les torques, droites ou torsadés, ont deux extrémités en forme de tête d’oiseau ou de serpent. Les Viet apprécient les bijoux en or, argent ou jade. Chez toutes les populations, certains bijoux sont portés pour se protéger des esprits maléfiques ou comme porte-bonheur. D’autres montrent le statut social. Aujourd’hui, l’aluminium et le synthétique sont largement utilisés, mais les styles traditionnels demeurent.

 

Les parures de tête
Au Vietnam, les femmes portent toujours chapeaux, coiffes ou turbans et se parent d’épingles, de peignes ou de pièces d’argent. Les Yao Thanh Y et Yao Lan Ten recouvrent leur chignon de coiffes décorées d’un large bijou d’argent ou d’aluminium. Les Yao Rouge ont de lourdes coiffes rouge. Les Yao Thanh Phan à Quang Ninh se rasent les cheveux et s’appliquent sur les cheveux une couche de cire d’abeilles avant de les recouvrir de la coiffe.

Bijoux

Epingles, boucles d’oreille, colliers, bracelets et ornements de toilettes sont les bijoux les plus utilisés. Ils peuvent être en argent, bronze, agate, ivoire, perles, os ou aluminium. Les bijoux en argent sont appréciés par les populations des montagnes du Nord. Ils sont considérés comme chasseurs des mauvais vents et montrent la richesse et la noblesse. Ceux en ivoire et en agate sont les plus beaux et précieux pour les femmes des Hauts Plateaux.

 


“Quand j’ai eu 10 ans, mon père m’a offert ce bracelet en bronze. Il est en forme de spirale et va du poignet au bras. Quelques personnes du village seulement savaient fabriquer ce genre de bracelet et on faisait appel chaque fois à elles….. Pour nous les Cơtu, un bracelet a beaucoup de valeur, on pouvait l’échanger contre un ou deux buffles”

Madame TơNgôlDhéh, ethnieCơtu, province Quang Nam

 


 

Silver belt with toiletries, Black Thái, Nghệ An

Silver earings, 20th, Green Hmong, Hoa Binh

Dents laquées et bétel

Dents laquées
Jusqu’au milieu du XXe siècle, hommes et femmes Viet se laquaient les dents en noir. Chez les Thaï, les Khang et les Lü, on brûle des branches d’arbres pour extraire de la résine recueillie par une pièce métallique ou dans un tube de bambou. On ajoute de l’eau pour obtenir un produit collant. Le soir, on applique 3 ou 4 couches aux dents bien nettoyées. 2 ou 3 jours après, on reteint pour bien noircir les dents. Critère de la beauté féminine, les filles commençaient dès l’âge de 12 ou 13 ans. Aujourd’hui, seules les femmes âgées ont encore des dents laquées.

 

Les femmes de l’ethnie Lư à Lai Châu

Le bétel

L’usage du bétel est très répandu en Asie du Sud-Est. Pour certaines populations du Vietnam, le bétel et la noix d’arec sont des offrandes indispensables lors des mariages, funérailles et rites. Certains villageois en mâchent encore quotidiennement. Une chique de bétel est faite avec de la feuille de bétel, de la chaux et un quart de noix d’arec. On peut la compléter avec un morceau d’écorce d’arbre et du tabac. Le nécessaire comprend un plateau ou un coffret, un pot à chaux, un couteau et un crachoir. Les Tay et les Muong utilisent des sacs ou des spathes d’aréquier recouverts de tissu pour conserver les feuilles de bétel. Les personnes âgées utilisent un petit mortier pour écraser la chique.

 


“Les gens disent que le « pot à chaux »représente le dieu qui veille sur nos biens, ma mère la gardait donc jalousement dans un endroit secret. Quand elle se préparait des chiques de bétel, elle prenait de la chaux avec le bout de la baguette à chaux (celui planté dans le pot), en mettait sur la feuille de bétel, ajoutait un morceau de noix d’arec et finalement enroulait la feuille pour faire une chique. A chaque fois, un peu de chaux se déposait sur le rebord du pot et à longueur d’année, s’y est formée une croûte épaisse…”

Madame Vo Thi Thi, Son Thinh, Huong Son, Ha Tinh